HERITAGE PRINCIPAL DE
CE TYPE DE CARACTERE vient des lettres laissées par
lenvahisseur romain. Par malice de lhistoire,
la forme générale des lettres est parvenue
dans cette contrée, mais pas les outils servant à
les graver ! Les artisans basques dalors ne possédant
pas la technique métallurgique des romains, leurs
outils et taillants ne permettaient pas de graver le caractère
en profondeur comme sur les bas-reliefs venus de Rome.
Il fallut donc trouver une technique permettant décrire
les lettres latines : avec des burins rudimentaires et en
grattant la pierre autour des lettres, lécriture
devint saillante au lieu de profonde. Cela explique le peu
de résistance au temps des textes gravés en
basque. En général, les stèles antérieures
au 16°siècle sont illisibles.
Science de lécriture
Mais ce nest pas tout : la science de lécriture
était alors rare. Combinée à celle
de la gravure, cétait un trésor que
seules quelques familles de graveurs conservaient jalousement.
Ce comportement est à lorigine de la variété
des lettres basques, car en plus de se transmettre les techniques
de justification sur pierre, les familles se transmettaient
la tradition et ses défauts : il nest pas rare
de trouver la même erreur dorthographe sur toutes
les façades des maisons anciennes dun village.
La famille qui officiait dans une vallée sen
assurait tous les écrits. Aujourdhui encore,
il y a des formes de lettres quon ne trouve que dans
certaines vallées. Ceci est le fruit dune transmission
visuelle et familiale. Comme pour la taille de la pierre,
les variantes du jeu de pelote basque se sont localisées
par vallées : la voie de communication de lépoque
était bel et bien la vallée !
Malgré cela, on retrouve partout linfluence
graphique des caractères romains. Bien que les modes
typographiques aient bousculé le caractère
de type Euskara (notamment la mode helvétique du
16°siècle), le fait que cette contrée
soit reculée a favorisé la préservation
de linfluence romaine, et pratiquement aucun écrit
en basque ne subsiste avec des lettres cursives et helvétiques.
Cette homogénéité est flagrante au
long des pages du livre de M.Colas.
Linfluence celte
Plus tard, linfluence des Celtes continentaux sest
fait sentir notamment sur les lettres capitales A, S, N
et certaines minuscules, rares dans les écritures
Basques, telles le b, p, q, o. Mais linfluence Romaine
reste définitivement prédominante et celà
est visible dans la manière dont les gaveurs Basques
développent la justification horizontale en interpénétrant
les lettres, comme les sculpteurs lapidaires Romains le
pratiquaient.
|