A CENSURE EST PRESQUAUSSI
ANCIENNE QUE LÉGLISE. Déjà en
150, le Concile dÉphèse interdit la
circulation des Acta Pauli considéré comme
non-cannoniques. En 325, le Concile de Nicée censura
le Thalia dArius et en 400, le pape Anastase condamna
les uvres dOrigène car plus nocives aux
ignorants, quutiles aux savants! À des époques
diverses, les papes ordonnèrent que le Talmud et
dautres livres juifs furent brûlés. Les
traductions de la Bible de Wiclef, comme plus tard celles
des protestants, furent interdites parce quelles contenaient
des préfaces et des notes anticatholiques.
Linvention de limprimerie aviva le désir
anxieux de lÉglise dempêcher la
diffusion des hérésies. On doit à larchevêque
de Mayence Berthold von Henneberg, le premier contrôle
ecclesiastique sur la production imprimée. Ce dernier
demanda au Conseil municipal de Francfort dexaminer
attentivement tous les ouvrages vendus à la Foire
de Lenten en 1485 et de collaborer avec les autorités
épiscopales pour interdire les publications dangereuses.
En 1486, lElecteur de Mayence et la cité impériale
de Francfort créerent la première censure
ecclesiastique.
La censure catholique des origines, limita toutefois son
action à traquer lhérésie religieuse
et se révéla finalement relativement tolérante
envers limmoralité sexuelle et lobscénité.
Le premier édit de censure concernant un livre imprimé
émane de la censure de Francfort et visait à
interdire la traduction de la Bible en langue nationale.
Les papes Innocent VIII et Alexandre VI travaillèrent
à rendre uniforme la censure dans toute la chrétienté
et à élargir le champ daction de la
censure à toute sorte douvrages et non plus
seulement les ouvrages théologiques. Le principe
de lautorisation préalable fut ainsi confirmé
par Innocent VIII par la promulgation de la Bulle «Inter
multiplices» (17 novembre 1487) et reconfirmé
en 1501 pour les villes de Cologne, Trèves, Mayence
et Magdebourg.
Il fut étendu à toute lEurope par Léon
X, qui promulga la bulle «Inter sollicitudines»
(14 mai 1515). Cette Bulle incluait un éloge de «lart
dimprimer, qui, grâce à la faveur divine,
a été inventé, ou plutôt amélioré
et perfectionné, surtout à notre époque».
On pouvait y lire également des échos de plaintes
relatives à son usage et on prévoyait donc
lextension de la censure «(...) afin que ce
qui a été sainement inventé pour la
gloire de Dieu, le progrès de la foi et la propagation
des vertus ne soit pas utilisé à des fins
contraires, et ne soit pas préjudiciable au salut
des fidèles de Christ, nous avons pensé quil
fallait nous soucier de limprimerie des livres, pour
quà lavenir les épines ne croissent
pas avec le bon plant, ou que les poissons ne soient pas
mélangés aux médicaments (...)».
Par ailleurs, en 1491, le légat pontifical Nicolo
Franco avait demandé au conseil de Venise de faire
brûler un ouvrage dAntonio Roselli, Monarchia
sive de potestate imperatoris et papæ, publié
en 1487, qui critiquait le pouvoir temporel du pape. Cest
le premier ouvrage à faire lobjet dune
pareille mesure; ce ne fut certainement pas le dernier...
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