UX ORIGINES DE LIMPRIMERIE,
lessentiel des impressions sont des publications religieuses,
pratiquement toutes en latin, la langue universelle de ce
temps. Cest le cas de 75% des livres imprimés
entre 1450 et 1517. Les presses ont ainsi multiplié
à lusage des clercs les ouvrages liturgiques
usuels (Missel, Bréviaires, livres dheures),
des livres dinstructions (catéchismes) et des
recueils de sermons, du siècle précédent
auxquels venaient sajouter les écrits des nouveaux
prédicateurs, «dont labondance fait tout
de même penser quon lisait dans le clergé
plus quon na voulu le dire». Si les presses
ont tellement produit dexemplaires de la Stella
clericorum, de lInstructio sacerdotum ou
Ecclesiasticorum, cest quun public nombreux
achetaient ces ouvrages courants et pratiques. Les uvres
du théologien Jacques Wimpfeling, furent lobjet
de 30 éditions en 25 ans tandis quun des livres
de théologie de Jean Heynlin, fut réédité
près de 20 fois entre 1488 et 1500.
Cest une période où la doctrine est
établie, ne laissant place à aucune polémique.
Un des rôles importants des premiers livres imprimés
est donc de rendre vivant ces dogmes. LImitation
de Jésus Christ, Miroir de lhumaine
salvation, lArs moriendi, la Danse macabre,
Vita Christi de Rudolphe le Chartreux sont les «best
sellers» de lépoque. LImitation
est représentatif de cette époque. Deux ans
à peine après la mort de son auteur, Günther
Zainer donnait à Augsburg lédition princeps
de louvrage (1471); avant la fin du siècle,
on comptait pas moins de 99 éditions de louvrage
dont une traduction française imprimée à
Toulouse par Henri Mayer (1488) et une autre en italien
publiée à Florence par Miscomini (1491). Les
Catons moralisés remportaient encore le même
succès ainsi que les Miroir de la Rédemption
ou les récits de la vie de lAntéchrist.
On lisait toujours Henri Suso, Gerson, Nider et les mystiques
si recherchés au siècle précédent.
A Paris, on imprimait les monuments de la scolastique traditionnelle
(Ockham, Pierre de la Palud, Guillaume Durand, Duns Scot,
Buridan mais aussi les contemporains tel Jean Mair) ainsi
que les Pères de lEglise et en particulier
saint Augustin et saint Bernard. A Bâle, on imprime
des ouvrages de théologie ainsi que les écrits
des Pères de lEglise. Jean Pétri édite
ainsi de lourds traités de théologie et de
droit canon, et publie une édition de saint Augustin
en onze volumes. A Genève, qui na pourtant
pas une grande importance dans lhistoire des premiers
pas de limprimerie, deux des quatre premiers livres
imprimés dans cette ville sont des traductions françaises
de douvrages de théologie catalan et latin.
En Italie, une seule imprimerie sort les uvres de
Lactance, de saint Augustin, de saint Jérôme,
de saint Cyprien, de saint Thomas dAquin, les sermons
du pape Léon, la Bible et des commentaires sur la
Bible.
Les lettrés ne sont pas les seuls à profiter
de limprimerie. On commence à produire des
écrits en vulgaire destinés à un public
plus populaire, imprimés en caractères gothiques,
plus familiers aux yeux de ce public que les caractères
romains quappréciaient les humanistes: livrets
de piété ou de pèlerinages, oraisons
de toute espèce, pour toutes les circonstances et
pour tous les périls, miracles de la Vierge, des
saints, paroles mémorables de Jésus. On imprime
également de nombreuses Bible des pauvres, richement
illustrées, qui viennent compléter les images
pieuses obtenues par xylographie. Ainsi en 1461, Albrecht
Pfister, un des premiers imprimeurs allemands, connu pour
avoir imprimé les deux premiers livres en langue
allemande, produisit une Biblia pauperum illustrée
bilingue (allemand/latin).
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