Georges Peignot

Colophon

Références

Article rédigé en 2005 par Jean-Luc Froissart (1924-2020), petit-fils de Georges Peignot et publié sur Typographie & Civilisation en mai 2006. Il a été republié et mis à jour en utilisant l’ensemble des illustrations envoyés alors par Jean-Luc Froissart en juin 2023. La grande majorité des illustrations ont été mises à disposition par Jean-Luc Froissart. Le caractère utilisé pour le titre est l’immortel Auriol dont il est fait abondamment mention dans l’article.

Titre original

Georges Peignot, créateur et fondeur de caractères Art Nouveau
Jean-Luc Froissart, http://jeanlucfroissart.free.fr

L’Or, l’âme et les cendres du plomb

Tiré à compte d’auteur à 250 exemplaires en novembre 2004, l’ouvrage de Jean-Luc Froissart consacré à sa famille s’est très rapidement vendu. Pour rédiger ces 400 pages de texte et annexes et ces 110 pages d’illustrations couleurs commentées, Jean-Luc Froissart a dépouillé les archives de famille Peignot ainsi que celles qui constituent le Fonds Peignot de la Bibliothèque Forney à Paris. Il a complété cette analyse par des échanges avec les descendants de la famille de Gustave Peignot.

Le résultat est un livre riche qui retrace l’épopée mouvementée des Peignot sur quatre générations et leur destin industriel et artistique. Il est agrémenté de résumés didactiques sur l’histoire de l’Imprimerie, de l’Art Nouveau, des Composeuses et de la Photocomposition, pour rappeler au lecteur les défis en jeu.

Présentation officielle du livre

Les Peignot connaissent en deux siècles, de 1815 à 1983, un destin extraordinaire tour à tour Clémentine, Gustave, et Georges Peignot parviennent à hisser la typographie française à un niveau de perfection technique et de renommée artistique sans précédent. Partout, leur goût est cité en exemple. Leur entreprise est connue comme la dernière grande fonderie de caractères française. On donne le nom de leurs glorieux morts à une artère de la capitale. Et puis l’entreprise familiale, décapitée par la guerre et pilotée par un héritier incompétent, s’enfonce dans les dettes en jetant ses derniers feux.

C’est une véritable saga et celle-ci est l’objet de ce livre. Raconter l’histoire des Peignot, c’est aller au-devant d’une galerie de portraits époustouflante : l’orpheline géniale dispute à l’ingénieur silencieux, le chef d’entreprise visionnaire est éclipsé par l’artiste sybarite. C’est également découvrir les complots familiaux, les gestes de bravoure, les drames et les passions qui agitent et bouleversent une famille apparemment modèle... C’est enfin croiser la grande Histoire, l’empire colonial, les guerres de 1870, 1914 et 1939, et l’espoir fatal de concurrencer l’Amérique. Aujourd’hui, le « plomb » a disparu, englouti par les ordinateurs et les procédés d’impression modernes.

Les Peignot furent sans doute les derniers acteurs de cette évolution. Clémentine disait, en 1865, au début de sa fulgurante ascension « Dans ce plomb il y a de l’or », et elle ne s’y trompa pas. Son fils, Gustave, en récolta plein son escarcelle ; son petit-fils, Georges, rénova avec génie le style des caractères de l’époque, quitte à y jouer, gagnant, le sort de son usine. Ses brillantes créations de nouveaux alphabets, à l’époque de l’Art Nouveau, ressemblent à un testament artistique qui ne serait pas inscrit dans le déclin du plomb. Las, le fils prodigue, Charles, laissa couler le navire, trop occupé à se mirer dans le reflet de son nom.

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