Typographie & Civilisation
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Histoire de l'imprimerie
Imprimerie coréenne
     

CHAPITRE PREMIER

Les premiers rois de la dynastie des Joseon

ES PREMIERES GRANDES IMPRESSIONS CONNUES en caractères métalliques en Corée datent du début du règne du fondateur de la dynastie des Joseon, connu dans l’histoire sous le nom de T’aejo. Ce dernier régna de 1392 à 1398 après avoir renversé la dynastie Koryo qui gouvernait la Corée depuis cinq siècles. La dynastie qu’il fonda, régna de 1392 à 1910, et installa très tôt sur les bords de la rivière Han la capitale du royaume de Chosun, Séoul, dans laquelle fut batit à l’imitation de la Cité interdite de Pékin, le palais Kyongbok.

Durant les premières années du règne de T’aejo, il fallut établir et codifier la nouvelle politique nationale d’après le confucianisme, désormais érigée en doctrine d’Etat. Le besoin de livres était donc très important.

L’établissement du Chuja So

En 1403, le roi T’aejong (1400-1418) publia un décret pour établir l’institution qui fut la pierre de voûte des politiques royales en matière d’édition: le Chuja So. Cet organisme, véritable Imprimerie nationale coréenne avait pour mission de prendre en charge les éditions typographiques et xyolographiques de l’administration royale.

Pour gouverner, il faut répandre la connaissance des lois et des livres de façon à remplir la raison et à rendre droit le cœur des hommes: de la sorte on réalisera l’ordre et la paix. Notre pays est situé à l’Orient, au-delà de la mer, aussi les livres de la Chine y sont-ils rares. Les planches gravées s’usent facilement, de plus, il est difficile de graver tous les livres de l’univers. Je veux qu’avec du bronze, on fabrique des caractères qui serviront pour l’impression, de façon à étendre la diffusion des livres; ce sera un avantage sans limites. Quant aux frais de ce travail, il ne convient pas qu’ils soient supportés par le peuple, mais ils incomberont au Trésor du Palais.
Auparavant, la gestion des éditions xylographiques royales était assurée par le Sojok P’o fondé en 1101 sous la dynastie Koryo. En 1392, le Sojok Won fut chargé du moulage des caractères et la diffusion des publications imprimées selon les techniques xylographiques.

Les caractères Kyemi

C’est ainsi que le Chuja So, véritable fonderie nationale, coula en 1403 des centaines de caractères sur le modèle d’écriture du Che King, du Chou King et du Tch’ouen-Ts’ieou Tso-Che Tchouan appelés caractères Kyemi. A cet effet, les plus beaux livres de la Bibliothèque royale furent confiés aux techniciens qui s’en inspirèrent pour le dessin de leurs lettres.

Toutefois, l’entreprise rencontra de nombreuses difficultés et à commencer le manque de moyens. La Corée ne comptait en effet, à l’époque, que peu d’artisans qualifiés pour réaliser ce travail de grande technicité. Par ailleurs, le pays était pauvre en métaux et notamment en cuivre, métal nécessaire à la fabrication de l’alliage dans lequel était coulé les caractères. Lorsqu’on manqua de métal de fonte, on mit au creuset les objets et les instruments de bronze pour ne point entraver l’essor de l’art naissant. Enfin, l’entreprise mobilisa beaucoup plus de fonds qu’initialement prévu et le roi dû puiser dans la cassette du clan royal, celle de ses ministres et des hauts fonctionnaires.

La technique des premières impressions

La technique utilisée était fort simple: les caractères étaient placés sur une plaque de bronze recouverte de cire d’abeille. Puis cette plaque était pressée contre une autre plaque afin d’ancrer solidement les caractères à la cire d’abeille. Après séchage, la plaque imprimante était alors encrée et une feuille de papier y était appliquée.

Le problème posé par cette méthode était sa fragilité, fragilité liée à la faible résistance de la cire d’abeille. Comme de surcroît, les caractères étaient de forme, de taille et d’épaisseur irrégulières, ils se déchaussaient. Ceci obligeait les imprimeurs à nettoyer et ajuster les caractères après chaque impression. La conséquence de cet état de fait est la faiblesse des tirages de l’époque, à peine quelques feuilles par jour.

Malgré l’obligation de fondre un très grand nombre de signes idéographiques différents, l’engouement du public lettré fut extrême; les talents des meilleurs écrivains furent mis à profit, les travaux des vieux calligraphes chinois, exhumés afin de créer des signes aux formes particulièrement belles.

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Caractères Kyemi
Caractères Kyemi