U DEUXIEME MILLENAIRE, cohabitaient
dans le Proche Orient antique, et donc en Phénicie,
véritable carrefour de civilisations, différents
systèmes scripturaux: le hiéroglyphique et
le hiératique égyptien au Sud, le hiéroglyphique
hittite au Nord, le cunéiforme sumérien à
lEst et le linéaire A et B crétois à
lOuest.
Lécriture hiéroglyphique égyptienne
En Égypte, on utilisait un système qui comportait
plusieurs centaines de pictogrammes, certains à valeur
idéographique, dautres à valeur idéographique
et phonétique. Cette écriture était
largement employée sur les monuments, aussi fut-elle
appelée par les Grecs «hiéroglyphique»,
cest à dire «écriture sacrée».
Une forme cursive, utilisée exclusivement sur les
papyrus, cohabitait avec elle, et fut baptisée «hiératique»,
cest à dire, «sacerdotale».
Lécriture cunéiforme mésopotamienne
En Mésopotamie, on employait un système pictographique
et syllabique simplifié dans lequel les signes navaient
plus aucun rapport avec leur dessin dorigine. Les
Mésopotamiens transcrivaient en effet leurs textes
sur des tablettes dargile quils gravaient à
laide dun stylet. Leur écriture reposait
donc sur un fin réseau de lignes en forme de clous
ou de coins (du latin cuneus), doù le
terme décriture cunéiforme. Ce système
scriptural, inventé par les Sumériens, comptait
plusieurs centaines de signes. Au IIIe millénaire,
les Akkadiens, peuple sémite, reprirent ce système
scriptural, ladaptèrent à leur langue
et le popularisèrent sous ses formes assyriennes
et babylonniennes. Il fut très utilisé dans
le Proche Orient antique, du fait de lusage du babylonien
comme langue des relations internationales et de la culture.
Lécriture pictographique hittite
Les Hittites, peuple indo-européen, utilisaient
également un système pictographique, baptisé
hiéroglyphique par analogie avec lécriture
égyptienne. Ecrite en boustrophédon, cest
à dire que lécriture se lisait de droite
à gauche puis de gauche à droite comme un
buf labourant son champ (du grec bous, buf
et stephein, tourner), lécriture pictographique
cohabitait dans le royaume hittite avec le cunéiforme.
Les écritures crétoises
En Crète, existait une écriture essentiellement
phonétique dans laquelle les signes isolés
avaient une valeur syllabique. Constitué dune
centaine de signes, aujourdhui non encore tous déchiffrés,
le Linéaire A (XVIIe siècle av. J-C.) et le
linéaire B (XIVe siècle av. J-C.) étaient
utilisés dans les îles de la mer Egée.
Les proto-alphabets cananéens
Vers 1800 avant J-C. apparurent dans le Sinaï central
et à Byblos des signes pseudo-hiéroglyphiques,
transcrivant un dialecte cananéen, mais sous une
forme non spécifiquement alphabétique. Des
tablettes retrouvée à Byblos, suggère
lexistence dune écriture essentiellement
syllabique, car ne comportant guère plus de 120 signes,
baptisés «pseudo-hiéroglyphes»
représentant des animaux, des végétaux,
des bâtiments et des dessins géométriques.
Sinspirant davantage de lécriture
crétoise que de lécriture égyptienne,
ce système scriptural fut en usage jusquà
la fin du XIIIe siècle av. J-C., cest à
dire jusquà laffirmation de lalphabet
phénicien.
En Canaan, occupée par les Égyptiens, nacquit
vers le XVe siècle avant notre ère, une écriture
qui prit le nom de proto-sinaïtique, car on découvrit
ses plus beaux spécimens dans des mines de turquoise
égyptienne du désert du Sinaï. Son origine
est à rechercher du côté de lÉgypte.
Lécriture hiéroglyphique comprenait
en effet vingt-cinq signes mono-consonnantiques différents
qui associés constituaient un alphabet complet. Mais
les Égyptiens, trop conservateurs, ne lutilisèrent
jamais comme tel. Lécriture inventée
par les scribes cananéens, isolait ces signes et
leur attribuait une valeur phonétique représentée
plus ou moins schématiquement par ces signes. Elle
constitue la première expérience probante
de simplification alphabétique de lécriture.
Toutefois son destin nous est encore aujourdhui inconnu.
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