Typographie & Civilisation
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Histoire de l'imprimerie
Frederic Goudy
     

CHAPITRE QUATRIEME

Artiste et théoricien

OUDY NE FUT PAS ne fut pas qu’un théoricien de la typographie mais un artisan génial. Ses polices ont toutes cet aspect imparfait qui les distinguent des autres polices dessinées à cette époque pour les appareils de composition mécanique. Cet effet était délibéré. Goudy voulait revenir au dessin primitif de la lettre calligraphiée, s’inspirant en cela des productions de la Renaissance.

Un retour aux sources

Dans son ouvrage, The Alphabet, elements of lettering, il présentait synthétiquement l’évolution de la lettre latine, rejetant l’assertion des grands théoriciens de la lettre qu’étaient Vinci, Tory ou encore Dürer qui soutenaient que les lettres latines pouvaient se décomposer en éléments géométriques basiques. Goudy refusait règle et compas. Il préférait étudier longuement les dessins des caractères anciens pour en extraire les proportions idéales.

Lisibilité, son maître mot

Goudy était également un défenseur pratique de ses idées. Il composait ainsi manuellement la plupart de ses livres. Son maître mot était la recherche de la lisibilité, reprenant à son compte la citation fameuse d’Ancillon : « moins l’œil est fatigué en lisant un livre, plus l’esprit est libre pour le juger ». La lisibilité dépendait selon lui de trois facteurs : « d’abord, la simplicité, ie utiliser un caractère dépourvu de traits inutiles, ensuite le contraste, en jouant sur la texture de la ligne composée de caractères individuels mais aussi en jouant sur les largeurs différentes des caractères, et enfin la proportion, chaque partie de la lettre étant en relation avec les autres parties de cette lettre et des autres lettres. »

« …un caractère sans maniérisme, aisément et plaisamment lisible, masculin, aux formes distinctes, non destinée à mettre en valeur le talent de son créateur, mais à aider le lecteur. Un caractère doit être facile à lire, gracieux, mais non fragile ; décoratif mais non chargé, beau individuellement et composé, austère et formel, sans parties régulères dans ses traits inhabituels, de facture simple, mais sans être grossier, élégant, ie gracieux en ligne et fluide dans la forme, et par dessus tout il doit posséder cette qualité inestimable appelé ‘art’ - quelque chose qui inconsciement passe de l’esprit du créateur à son œuvre. »

Il encourageait les dessinateurs de caractères à rechercher également la beauté, mais avec prudence, sans dénaturer la lettre et ses proportions ce qui compromettrait sa lisibilité. Il prônait enfin une certaine sobriété dans la composition : il notait ainsi que la beauté formelle des productions des premiers imprimeurs tenait pour une grande part dans la limitation des outils et des matériaux utilisés ce qui entrainait une plus grande cohérence de l’ensemble.

     

Goudy dans son atelier
Goudy dans son atelier

 

 

Copperplate Gothic
Copperplate Gothic

Goudy Sans
Goudy Sans

Bertham
Bertham

Goudy Mediaeval
Goudy Mediaeval