Typographie & Civilisation
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Histoire des caractères typographiques
Police de caractères Optima
     

Police de caractères Optima Présentation historique du caractère Optima

Hermann Zapf, un des géants de la typographie du XXe siècle a dit : « Le caractère d’aujourd’hui et de demain peut difficilement être une relecture élégante d’un caractère Renaissance du XVIe siècle, ni une gravure originale d’un caractère classique de l’époque de Bodoni - mais il ne sera pas non plus une linéale du XIXe siècle. ». Partant de ce principe, ce familier des inscriptions de la Renaissance italienne et par ailleurs amateur d’épigraphie romaine a dessiné un des caractères les plus originaux du XXe siècle.

S’inspirant de ces caractères d’inscriptions italiennes du XVe siècle, dont les lettres étaient non seulement dépourvues d’empattements mais aussi caractérisées par un net contraste entre pleins et déliés, Zapf commença en 1952 un travail qui allait lui prendre 6 années : le dessin de l’Optima. Ce travail continu ne fut infléchi qu’une fois lorsqu’en 1954, sur une suggestion de Monroe Wheeler du MOMA de New York, Zapf décida que l’Optima serait également caractère de labeur.

L’Optima fut commercialisé en 1958 en version typographique traditionnelle par la fonderie Stempel de Frankfort puis pour machines de composition par l’américain Mergenthaler. Il est à noter que l’italique de l’Optima a été une des premières fontes à avoir été créée avec l’aide d’un système mécanique de distorsion. Comme tous les caractères populaires, l’Optima fut largement piraté.

Description

Police de caractères OptimaHéritier des linéales dessinées par Edward Johnston pour le métro de Londres et leur adaptation tardive par Eric Gill, les capitales de l’Optima suivent les proportions des inscriptions de la colonne trajane à Rome qui remontent à 113 après Jésus-Christ et sont considérées comme le plus bel exemple de capitales romaines.

La ligne de pied est également plus haute que celle des prédécesseurs de l’Optima. Zapf jugeait en effet que les caractères d’imprimerie depuis le début des années 1900 avaient des jambages supérieurs trop longs et des jambages inférieurs trop courts. Les proportions entre l’œil et les jambages de l’Optima respectent également les règles du nombre d’or. Toutefois, les lignes courbes des fûts de chaque lettre sont plus le résultat de contraintes techniques typographiques que de considérations esthétiques. C’est enfin un caractère bâton avec un axe incliné, dont les jambages inférieurs et supérieurs se rétrécissent légèrement à leur extrémité, mais qui conserve un lien manifeste avec la calligraphie. Le ‘M’ est évasé et le ‘g’ a une forme vénitienne classique.

Utilisation

Il provoqua des remous lors de son lancement en 1958 car il remettait en cause la notion selon laquelle les linéales étaient par nature moins lisibles que les romains. Ce caractère, très représentatif de son époque, s’éloignait en effet du caractère de labeur traditionnel et d’autre part, il présentait une nette modification du mouvement des linéales, en adoucissant la rigueur des lettres géométriques pour englober la grande tradition de l’alphabet et ses origines manuscrites. L’Optima se voulait être intermédiaire entre le romain et la linéale moderne.

Police de caractères Optima

Commentaires

Parlant de son caractère, Zapf le qualifiait de: “caractère romain sans empattements”. Certains le trouvent un peu maniéré, plus féminin car plus gracieux que son grand concurrent, le Gill Sans. Cétait le caractère préféré de Zapf (qui disait toutefois qu’un typographe ne doit pas avouer quelle est sa création préférée tout comme un père ne doit pas dire quel est son enfant préféré) qui l’a utilisé pour ses propres cartons d’invitation de mariage.