EPUIS LA FIN DU XIIIE SIECLE,
la Corée était un royaume vassal des empereurs
mongols qui régnaient alors sur la Chine. Ces derniers
au début du XIVe siècle, avaient été
amenés à changer leur propre écriture
au profit de lalphabet galik, un compromis entre lécriture
tibétaine de type indien et lécriture
ouigour de type araméen.
Les Coréens furent touchés par ces soubresauts
culturels avec un léger décalage (entre temps,
les Mongols avaient été renversés en
Chine par Hong-Wou, fondateur de la dynastie des Ming).
Un roi éclairé
Dans la première moitié du XVe siècle,
régnait sur le royaume de Corée, le roi Sejong
(1419-1451). Ce dernier était un monarque éclairé
et cultivé. En 1434, il promulgua un décret
dans lequel il demandait à son administration de
rechercher « les hommes de savoir et de sophistication,
quils soient ou non de noble naissance, afin de les
encourager à apprendre à lire au peuple, même
aux femmes et aux filles. ».
Il envoya également des missions à Nankin
et Pyolmun afin de chercher des conseils sur la possibilité
dintroduire dans son royaume une écriture simplifiée.
Ces missions ayant échoué, le roi avec lassistance
de lettrés de sa cour, inventa la nouvelle écriture
(1443). En 1446, le roi Sejong promulgua un décret,
Oje Hunmin Chongum, « La vraie prononciation enseignée
au peuple » par lequel il introduisait la nouvelle
écriture dite pân tchel. Elle suscita la dérision
des lettrés de lépoque, attachés
à lécriture chinoise, et à travers
elle au pouvoir que leur conférait sa maîtrise
et quils baptisèrent « écriture
vernaculaire ».
Dans la préface de lHunmin Chongum, le roi
Sejong explique clairement ses motivations:
« La langue coréenne étant différente
de la langue chinoise, les caractères chinois ne
la rendent pas suffisamment. Cest pourquoi, les gens
du peuple désirent une chose et narrivent pas
à exposer leurs sentiments: cela est fréquent.
Emu de pitié, jai inventé vingt-huit
caractères qui seront facilement appris de tous et
serviront aux usages quotidiens. »
Lalphabet pân tchel
Il sagissait à lorigine, dun véritable
alphabet de 28 signes comprenant voyelles et consonnes.
Le pân tchel, par son principe même, est dune
grande simplicité qui témoigne de son caractère
artificiel et de lesprit scientifique de son créateur.
Cest ainsi que ladjonction dun simple
trait permet de former KH à partir de
K, TH à partir de T
ou encore PH à partir de P.
Originellement, le pân tchel devait servir à
décomposer phonétiquement les idéogrammes
chinois. Ce nest quultérieurement quil
fut appliqué à la transcription de la langue
coréenne elle-même. Pour ce faire, il fut légèrement
modifié en créant des signes pour transcrire
les sons qui nexistent pas dans la langue chinoise
telle que b, g ou encore d
en adjoignant un accent aux signes des sourdes correspondantes,
p, k et t. Par ailleurs,
certains signes disparurent, les formes dautres furent
modifiés. Cest ainsi quon passa de 28
signes originels à 25 signes aujourdhui, 14
consonnes et 11 voyelles.
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