OUR REPONDRE au besoin impérieux
dapprendre larabe aux nouvelles contrées
conquises par les Musulmans, il savéra rapidement
impérieux de conduire certaines réformes afin
détablir de manière définitive
la pronociation correcte du Coran.
La réforme de lécriture arabe
Abou al-Aswad al-Douali (?-688) fut le fondateur de la
grammaire arabe et inventa le système de signes diacritiques
qui consiste à placer de grands points colorés
pour indiquer les éléments du discours arabe
non représenté par des lettres.
Ce travail fut complété par le vice-roi omeyyade
al-Hajjaj Ibn Yousouf al-Thaqafi, qui pour régler
le problème de la différenciation des consonnes
qui partageaient une forme identique, demanda à Nasr
Ibn Asim et Yahya Ibn Yamour dimaginer un système
fondé sur lusage de petits points noirs placés
au-dessus et au-dessous du contour de la lettre par groupes
de deux ou trois.
Le développement des écritures cursives
Lécriture arabe, depuis ses origines, sest
divisée en deux très larges catégories
- le Moqawwar wa-Modawwar (incurvée et arrondie)
et le Mabsot wa-Mostaqim (allongée et droite).
Le Mashq et le Coufique appartiennent à la
deuxième catégorie.
La catégorie incurvée et arrondie remonte
à la première décennie de lère
musulmane et certainement, plus anciennement encore, à
la période pré-islamique. Longtemps, elle
na servi que pour des usages profanes.
Sous les Omeyyades, les écritures Tomar,
Jalili, Nisf et Tholoth furent ébauchées.
Mais cest le Jalil et le Tomar qui furent
les écritures officielles des califes omeyyades.
Les écritures Nisf et Tholoth dérivent
directement du Jalil, écriture monumentale.
Le degré de cursivité de ces dernières
a la particularité daugmenter à mesure
que la taille des lettres diminue.
Ce fut le génie dAbou Ali Ibn Moqlah (846-940),
vizir des trois califes abassides al-Moqtadir (908-932),
al-Qahir (932-934), al-Radi (934-940), et sa connaissance
de la science géométrique qui introduisirent
létape la plus importante dans le développement
de la calligraphie arabe. Ibn Moqlah se fixa comme tâche
de dessiner une écriture cursive qui soit à
la fois belle et parfaitement proportionnée.
Il instaura un système global de règles calligraphiques
de base, fondé sur le point en losange comme unité
de mesure. Il redessina le contour géométrique
des lettres et corrigea leur forme et leur taille au moyen
du point, de lAlef et du cercle. Il sagit de
faire un Alef qui est « calligraphié et mesuré
avec la pensée », puis de dessiner un cercle
dont le Alef est le diamètre. Chaque lettre a pour
base ce cercle.
Ce faisant, Ibn Moqlah a doté lart calligraphique
arabe de règles scientifiques précises, daprès
laquelle chaque lettre, pourvue dune discipline rigoureuse,
est rattachée aux trois unités standards que
sont le point, le Alef et le cercle. Cette méthode
décriture, baptisée al-Khatt al-Mansob,
fut perfectionnée par ses élèves dont
le plus célèbre est Ibn al-Bawbab (?-1022).
Pour comprendre limportance dIbn Moqlah dans
lhistoire de lécriture arabe, il est
possible de citer Abdullah Ibn al-Zariji, qui au Xe siècle
remarquait: « Ibn Moqlah est un prophète dans
lart de la calligraphie. Son cadeau est comparable
à linspiration des abeilles lorsquelles
construisent les alvéoles. »
Progressivement, les écritures cursives, surtout
le Tholoth, commencèrent à pouvoir
rivaliser pour la copie du Coran avec les écritures
coufiques.
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