L FAUT SOULIGNER le rôle
central que le Coran a joué dans la formation de
lécriture arabe. Le besoin de consigner le
Coran par écrit obligea précisément
les Arabes à réformer leur écriture
et à lembellir, pour la rendre digne de la
révélation divine. Omar, ami du Prophète
et futur calife, pressa le premier calife Abu Bakr de mettre
le Coran par écrit; ce travail fut réalisé
par le secrétaire du Prophète Zayd ibn Thabit.
Cette rédaction, codifiée sous le troisième
calife Othman, fut copiée en cinq exemplaires qui
furent expédiés dans les principales contrées
de lempire. Les copies ultérieures du Coran
sont dérivées de ces premiers exemplaires,
réalisés à lépoque en
Jazm. À cette époque apparurent des
variantes médinoises et mecquoises du Jazm,
le Mail (écriture couchée), le Mashq
(écriture allongée) et le Naskh (inscriptionnel);
seules les deux dernières perdurèrent.
Le successeur de Othman, le cousin de Mahomet et son beau-fils,
Ali Ibn Ani Talib est considéré comme le premier
maître de la calligraphie en développant un
style particulier de coufique.
Les Écritures Coufiques
Lécriture coufique est née à
Kufah, dans la deuxième décennie de lère
islamique. Grandement inspirée de lécriture
de la ville voisine de Hirah, al-Khatt al-Kufi («
écriture coufique » en arabe) est caractérisée
par une graphie originale fondée sur son angulosité
et ses formes carrées prononcées, faites de
courts traits verticaux et de lignes horizontales prolongées.
Contrastant avec ces verticales basses, les lignes horizontales
sont allongées.
Parallèlement, lécriture Mashq développa
des caractéristiques individuelles et devint légèrement
plus cursive, avec un profil vertical bas et des traits
horizontaux allongés.
Lécriture coufique atteignit sa perfection
dans la seconde moitié du VIIIe siècle et
acquit de facto une prééminence qui dura plus
de trois siècles: elle devint lunique écriture
employée pour la copie du Coran. Laustérité
des origines, fut alors dépassée avec le développement
de lécriture coufique ornementale. Son élégance
simple en fit une écriture très prisée
pour des usages épigraphiques. Son développement
se poursuivit jusquau XIIe siècle, date à
laquelle lécriture devint essentiellement décorative.
Le Coufique oriental est une variante développée
par les Perses à la fin du Xe siècle qui se
distingue du Coufique traditionnel par ses longs déliés
qui restent verticaux, avec des barbelures au sommet, et
ses traits courts inclinés ou penchés vers
la gauche, donnant ainsi un mouvement dynamique vers lavant.
La plus fameuse de ces écritures est lécriture
Qarmate dans laquelle les caractères du Coufique
oriental sont intégrés à un fond richement
enluminé, fait de motifs floraux et darabesques.
|