Typographie & Civilisation
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Typographie & Civilisation

     

Cet éditorial a été publié dans les éditions de mai et d’août 1999 de T&C. Il était intitulé...

Comment devient-on typophile ?

En cette fin de XXe siècle, ce virus s’attrape devant un ordinateur : lorsqu’un texte est composé se pose en effet rapidement la question de savoir comment l’habiller i.e. en quel caractère le composer.

Postulat 1: un caractère typographique a d’abord une valeur esthétique

L’apprenti typophile va d’abord commencer par se fier à son goût. Pour ce faire, il va essayer avec plus ou moins de méthode tous les caractères installés sur son ordinateur. Rapidement, la pratique aidant, il va constituer sa sélection personnelle.

Un fait tend alors à se répéter : disposant de peu de points de repère, ayant du mal à distinguer les différences parfois subtiles qui individualisent chaque caractère, notre béotien va avoir une propension assez marquée à sélectionner des caractères au dessin original.

Or la plupart des documents que nous produisons quotidiennement (mémos, rapport, devoirs, études, lettres) ne se prêtent qu’exceptionnellement à des habillages originaux. Cela tient à leur raison d’être qui est d’être lus et non simplement admirés.

La solution de facilité est alors de revenir au Times New Roman ou pour les modernes à l’Arial. Les plus courageux vont toutefois essayer d’aller au délà, c’est à eux que ce site s’adresse.

En cette fin de XXe siècle, ce virus s’attrape devant un ordinateur : lorsqu’un texte est composé se pose en effet rapidement la question de savoir comment l’habiller i.e. en quel caractère le composer.

Postulat 2: un caractère typographique a également une histoire

Les caractères romains, pourtant si difficiles à distinguer les uns des autres, ont toujours une histoire propre. Le Jenson a ainsi près de 500 ans d’âge. Ceci nous amène au point suivant : les caractères typographiques ont été conçus à une époque donnée, pour éditer des textes précis. Ce contexte particulier mérite que l’on s’y intéresse car il aura nécessairement une influence sur la perception qu’aura le lecteur de ce caractère.

Le gothique est ainsi associé aux premiers textes imprimés, à commencer par la fameuse Bible que Gutenberg imprima. Le caractère romain, le plus couramment utilisé encore de nos jours, a quant à lui traversé cinq siècles d’histoire mouvementée qui l’ont vu évoluer avec les goûts et les technologies de son époque.

C’est ainsi que la plupart d’entre eux ont un passé glorieux. Qui sait, par exemple, que les fontes de Baskerville avaient été achetées d’Angleterre par Beaumarchais pour imprimer une intégrale de Voltaire en Allemagne et qu’in fine elles se retrouvèrent à Paris pour imprimer la fameuse Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ? Dans le même registre, le Caslon servit à imprimer la Déclaration d’Indépendance Américaine.

     

Bibliothèque orientale, Beyrouth
C’est au Liban que la passion de la typographie est venue à l’auteur de ce site. Embauché comme prof d’éco et d’histoire, il est devenu le metteur en page attitré du collège jésuite où il faisait sa Coopération.
Nous du Collège, Jamhour
De fil en aiguille, il en est arrivé à s’intéresser à l’histoire de l’écriture, de l’imprimerie et de la typographie.
Habitant le pays qui vit naître l’alphabet, il eut l’occasion de fréquenter assidument les bibliothèques de Beyrouth et écrire de nombreux articles dont la plupart ont été publié dans T&C...
Byblos, la ville de l'alphabet