ALPHABET ARMENIEN ne
compte pas moins de trente neuf caractères et, à
la différence des écritures sémitiques
utilisées dans les états voisins de lest
et du sud du Caucase, possède une notation intégrale
des voyelles. Comme ces lettres ne font jamais double emploi,
lalphabet arménien constitue un instrument
dune belle précision phonétique. Elle
reprend au grec 22 sons auquel elle attribue ses propres
signes et ajoute 14 signes destinés à noter
des sons étrangers au grec. Lécriture
arménienne, comme la grecque à laquelle elle
est partiellement apparentée, use à la fois
de majuscules et de minuscules.
La question des origines
Son origine est toujours discutée, la légende
de Mesrob comme toutes les légendes de nature politique
étant sujette à caution. Un fait prèche
toutefois en faveur de cette thèse: lalphabet
arménien de par sa précision et sa cohérence
semble bien avoir été élaboré
en une seule fois, et nest pas le fruit dune
longue évolution, comme lalphabet latin ou
grec.
Par ailleurs, les spécialistes se sont longuement
entredéchirés pour savoir sil fallait
chercher le modèle de lécriture arménienne
du côté de lécriture grecque ou
de son homologue perse. Le débat de son origine,
semble actuellement pencher en faveur de lécriture
occidentale. En effet, le principe de la notation intégrale
des voyelles est une conception fondamentalement étrangère
au peheveli. Ensuite, plusieurs de ses lettres ont manifestement
été empruntées au grec. Enfin, lalphabet
arménien sécrit de gauche à droite
et non de droite à gauche comme le peheveli.
Pourtant, en faveur de la thèse perse, il est toutefois
possible davancer largument selon lequel les
formes des signes de lalphabet arménien sont
passablement inspirées de celles des caractères
persans alors en usage en Arménie.
Pour trancher entre les deux théories, lhistorien
de lécriture James Février, propose
de replacer la question de lalphabet arménien
dans son contexte politique: destiné à transcrire
en arménien les textes bibliques et la littérature
chrétienne, il parait peu probable que lon
ait imité une écriture trop liée à
une religion rivale.
Graphisme de lécriture
Initialement, lalphabet était formé
dune seule série de lettres de type oncial
(erkathagir), qui sont par la suite devenues les
majuscules de lalphabet moderne. Ces dernières,
également appelées lettres de fer sont aujourdhui
complétées par une série de minuscules
(bolorgir ou lettres rondes).
Vers la fin du moyen âge apparut une écriture
cursive (notrgir), en usage en typographie et qui
fit le même usage que notre italique. Cette écriture,
aujourdhui dépassée, est remplacée
par un autre caractère daspect droit (aramian
du nom de son créateur).
Le bolorgir, quant à lui, a évolué
pour devenir plus aisé à lire, mais a conservé
son aspect penché.
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