Typographie & Civilisation
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Histoire des caractères typographiques
Police de caractères Bookman
     

Présentation historique du caractère Bookman

Police de caractères BookmanL’histoire de la typographie n’est qu’un éternel recommencement. Le Bookman en est l’illustration vivante. Ce caractère a en effet une bien curieuse histoire, parallèle à celle du Cheltenham. Ces deux caractères connurent en même temps la gloire dans les années 1920 puis la déchéance avant de revenir sur le devant de la scène grâce aux relectures d’ITC dans les années 1970.

Gravé originellement en 1858 comme caractère de titrage par Alexander Phemister pour la fonderie écossaire Miller & Richard, l’Antique Old Style, fut rapidement copié par des fondeurs britanniques et américains. Il s’est rapidement imposé comme la principale alternative au Caslon, le caractère le plus utilisé de l’époque en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

Police de caractères Bookman Old Style (Monotype)A la suite des fusions qui donnèrent naissance aux Etats-Unis à l’American Type Founders Company (ATF) en 1892, l’Antique Old Style prit le nom de Bookman. En 1903, Wadsworth A. Parker lança la version ATF du Bookman, version connue aujourd’hui sous le nom de Bookman Old Style. Sa petite soeur italique fut commercialisée en 1905.

La popularité du Bookman ne se démentit pas tout au long du premier quart du XXe siècle. La première réinterprétation date de 1925 et fut le fait de la fonderie Ludlow. Par la suite le Bookman disparut de la scène typographique. Il faudra attendre 1975, et son adaptation aux normes ITC par le grand typographe Ed Benguiat, pour que le Bookman soit de nouveau utilisé par les graphistes.


Description...

Phemister a dessiné son caractère en essayant de se démarquer des « défauts » du Caslon: le Bookman, par ailleurs d’inspiration Renaissance, possède ainsi des jambages supérieurs et inférieurs assez courts et dont l’axe des caractères est plus vertical que ceux du Caslon.

ITC Bookman de BitstreamBenguiat dessina de nouvelles graisses et renforça l’aspect épais des empattements. Le Bookman d’ITC est ainsi est un caractère trapu, plus solide que son original.

L’italique, quant à elle, n’est qu’une version inclinée du romain ce qui la rend aussi lisible que son modèle. Elle est également moins étroite que les italiques traditionnelles.

Son œil important renforce son côté lisible. C’est dans la masse, c’est à dire pour des textes longs, que le Bookman met en valeur toute ses qualités de robustesse et de lisibilité.


Tom Sawyer  composé en Bookman... & utilisation

Dans les années 1900, certains typographes ont utilisé le Bookman dans l’esprit de William Morris. C’est ainsi qu’à cette époque, pour de nombreux foyers américains, le Bookman incarnait ce qui se faisait de mieux en matière typographique pour une bibliothèque modeste. Un des ouvrages les plus réussis composés avec le Bookman fut le Tom Sawyer imprimé en 1930 par Elmer Adler et qui fut sélectionné pour l’exposition des 50 livres de l’année.

Toutefois, c’est comme caractère commercial que le Bookman fut très utilisé durant le premier quart de ce siècle. Il était le caractère utilisé par défaut par les imprimeurs pour les documents publicitaires. Sa robustesse autorisait en effet son utilisation à une époque où les reproductions lithographique et les premières impressions photomécaniques étaient encore assez imprécises. Une étude réalisée en 1925 par J.L.Frazier, montrait ainsi que sur 404 publicités réalisées cette année là, 125 étaient composées en Caslon et 78 en Bookman.

Aujourd’hui encore, le Bookman est essentiellement utilisé pour des documents publicitaires. Il peut être encore utilisé dans des textes, mais uniquement si on veut donner à son document un aspect début de siècle.


Commentaire

Daniel B.Updike, le fameux historien de la typographie n’en fait même pas mention dans son ouvrage (Printing type) alors que son compatriote et dessinateur de caractères William A.Dwiggins qualifie le Bookman de proche de la « perfection humaine ». Ce point de vue est repris par l’imprimeur de la Yale University, Carl Rollins qui considérait le dessin du Bookman comme « simple, honnête et discret », ce qui en matière typographique est le plus grand compliment que l’on puisse faire.