Histoire de l’imprimerie en Auvergne

L’imprimerie au XIXe siècle

CE FUT LE SIECLE des premières grandes transformations. Si au début les maîtres imprimeurs, fiers de leur titre, maintinrent les traditions aidées par le pouvoir, le machinisme, la lithographie et l’évolution des mœurs modifièrent progressivement les conditions de travail. Les lois de 1871 permettant la création de nouveaux ateliers, de 1881 sur la presse, de 1884 sur les syndicats ouvriers, instituèrent enfin une liberté qui ne fut pas sans épines.

Ateliers du XIXe siècle

A Clermont-Ferrand deux familles dominèrent la place : les Thibaud-Landriot (1802-1884) les Veysset (1792-1866) concurrencés ensuite par des « nouveaux » : Jean-Noël Pérol (1832-1854) dont l’atelier connut avec Gabriel Mont-Louis (1863-1910) un développement considérable pour devenir le plus important de la région ; Pierre Petit, Malleval, les Bellet... les lithographes Paul-Antoine Paris (1842-1864), Schreiber et Jacquet-Schreiber, ... alors que les librairies, « les vendeurs et étaleurs de livres » se multiplièrent.

A Riom ce furent les Salles, les Leboyer, les Jouvet ; à Thiers Joseph Bernard, Joseph Cuissac et Antoine Favyé, etc... A la fin du siècle alors que dans les préfectures les métiers d’imprimeurs et de libraires tendent à se spécialiser et à se séparer, toutes les petites villes auront leurs libraires-imprimeurs tirant chaque semaine ces journaux de quelques pages dits de « sous-préfecture » qui alimentent la vie politique locale. Exemple rare mais instructif, à Issoire (2500 habitants) en 1897 ils sont cinq, chacun publiant un hebdomadaire.

Les autres départements de la province ne furent pas en reste. A Moulins la dynastie des Desrosiers (1799-1884) obtint une célébrité nationale grâce à de prestigieux ouvrages régionaux somptueusement illustrés de lithographies et une production importante d’éditions diverses. Il est difficile aussi d’oublier le libraire-éditeur Martial Place (1841-1903), très impliqué dans la vie littéraire de sa ville. Au Puy privilégions Marie-Pierre Marchessou (1853-1878) et ses fils (1878-1904). On ne peut malheureusement les citer tous dans cette courte notice, ils sont trop nombreux à avoir exercé leur métier honnêtement avec leurs mains.

La Presse en Auvergne

Un mot encore pour la presse clermontoise qui atteignit au début du XXe siècle une dimension régionale et d’information générale, avec Gabriel Mont-Louis (Le Moniteur du Puy-de-Dôme), Ambroise Dumont (L’Avenir) et ensuite Alexandre Varenne (La Montagne), soutenant de mieux en mieux la comparaison avec les journaux parisiens, tandis que le Velay affirmait son identité. L’aventure de la presse modifiera les techniques et le visage de l’imprimerie, tout autant que l’esprit public.

Réglements des métiers du livre

J’aurais dû évoquer aussi les règlements contraignants, la censure et les interdits qui ont enserré le métier pendant quatre siècles. Compagnons typographes (les singes en argot ancien), pressiers (les ours), manœuvres, apprentis, et même les maîtres (les bourgeois), travailleront longtemps avec des statuts différents, incertains, dans une atmosphère humide, le bruit, les odeurs d’encre, de papier et de colle. Même relativement bien payés, ils eurent des conditions de vie difficiles, qu’ils cherchèrent d’ailleurs à améliorer avec leurs « chapelles ». Puis les mutuelles et les syndicats les conduiront de la précarité aux contraintes industrielles.