Histoire de l’imprimerie en Auvergne

Livres et libraires auvergnats

SI PENDANT PLUSIEURS SIECLES tous les imprimeurs ont vendu plus ou moins des livres, obligés qu’ils étaient par les habitudes du commerce de troc et pour améliorer leurs conditions de vie, les marchands-libraires ont été nombreux notamment au Puy et à Clermont-Ferrand jusqu’au XVIIIe siècle et un peu partout ensuite.

Leur rôle a été important pour satisfaire les besoins de la province. Leurs noms ont moins de notoriété, mais ils ont soutenu par leurs initiatives et leurs offres l’enseignement et la culture d’abord auprès de petits noyaux de lettrés. Puis ensuite avec l’impulsion des jésuites, des oratoriens et de certains prêtres créateurs de petites écoles la lecture était en fort progrès en Auvergne à la veille de la Révolution. Au Puy à la fin du XVIIe siècle on trouve six boutiques de libraires, sans compter les relieurs et des marchands à la limite de la légalité qui vendent tout un assortiment religieux, certains des livres « de hasard » (d’occasion) ou même interdits. Ils sont autant à Clermont-Ferrand, où l’on voit apparaître « les cabinets de lecture » qui obtiendront un grand succès au siècle suivant. Le plus célèbre sera celui de Blaise Beauvert qui reçoit les nouveautés. Chez lui, rue des Gras, « une salle de lecture avec journaux et écrits périodiques » permettait aussi des discussions de bon ton à l’occasion.

On oublie trop souvent qu’à cette époque existaient plusieurs catégories de livres. Bien imprimés, reliés et illustrés pour les « gens de qualité », minuscules livrets en mauvais papier, almanachs ou images éphémères pour les pauvres, tirés, on le sait aujourd’hui, par milliers et maintenant disparus. Cela favorisait l’activité de marchands « non brevetés » et des colporteurs qui n’auraient pas dû pouvoir vendre aucun livre, sauf par exception. Il est vrai que le « Code de la librairie » était complexe et si épais ! Nous devrions peut-être modifier un peu nos jugements trop enclins à ne considérer que les premiers qui ont majoritairement subsisté.